MéMoIRe de lIceNce :
LE MYTHE DE SHERLOCK HOLMES
ET LA SERIE « SHERLOCK »
En quoi Sherlock Holmes est-il un mythe et
en quoi ce mythe est-il honoré et enrichi dans la série « Sherlock » ?
MéMoIRe de lIceNce :
LE MYTHE DE SHERLOCK HOLMES
ET LA SERIE « SHERLOCK »
En quoi Sherlock Holmes est-il un mythe et
en quoi ce mythe est-il honoré et enrichi dans la série « Sherlock » ?
Introduction :
En 1887, nous découvrons le personnage de Sherlock Holmes dans le roman « A study in Scarlet »[1] écrit par Arthur Conan Doyle et publié dans le « Beeton's Christmas Annual ». Aujourd'hui en 2017, 130 ans plus tard, Sherlock Holmes est l'un des détectives les plus connus et sans aucun doute le personnage de fiction le plus filmé de toute la littérature comme le relèvent Steven Moffat et Mark Gatiss, les scénaristes et créateurs de « Sherlock » : « le personnage le plus filmé de toute la littérature »[2]. Le site Imdb recense environ 260 adaptations cinématographiques et télévisuelles du personnage.
Le personnage fascinant créé par Arthur Conan Doyle est très célèbre, même plus que son auteur. En effet, ce personnage fait maintenant partie de la culture populaire et bien souvent on connaît Sherlock Holmes sans forcément savoir que c'est un personnage de la littérature anglaise, et qui est l'auteur de ses romans et nouvelles.
Dans la culture populaire contemporaine, le cinéma et la télévision tiennent une grande place et les nombreuses adaptations de l’œuvre de Arthur Conan Doyle nous amènent à connaître ce personnage. Mais par-delà les adaptations à proprement parlé, ce sont les acteurs qui ont donné un visage à ce personnage si unique qui ramènent chaque fois l'attention du public sur Sherlock Holmes. Basil Rathbone, avec quatorze films entre 1939 et 1946, est l'acteur qui l'a le plus interprété au cinéma. En 1970 dans « The Private Life of Sherlock Holmes »[3] réalisé par Billy Wilder, le héros est interprété par Robert Stephens. Entre 1984 et 1994, l'acteur Jeremy Brett lui prête ses traits pour une série et cinq téléfilms. En 2009 et 2011 c'est Robert Downey Jr, célèbre pour être l'interprète de Iron Man dans le Marvel Cinematic Universe, qui joue Sherlock Holmes pour deux films.
Enfin, le 25 juillet 2010 est diffusé le tout premier épisode de la série « Sherlock » produite par la BBC : « A study in pink »[4]. La série comportera au total treize épisodes de une heure et demie, et un épisode spécial de sept minutes. On peut par ailleurs préciser qu'un pilote de une heure avait été réalisé, disponible uniquement dans les bonus de la saison 1, mais que tout a été retourné pour l'épisode 1 diffusé. Dans cette série Sherlock Holmes est joué par Benedict Cumberbatch, comédien de théâtre et acteur anglais. Son rôle de Sherlock lui offre une célébrité internationale et il est aujourd'hui aussi connu pour son interprétation en motion capture de Smaug dans la trilogie « Le Hobbit » et le personnage de Doctor Strange dans le Marvel Cinematic Universe, même s'il continue à faire du théâtre et à jouer pour la télévision anglaise. Le Docteur Watson est quant à lui joué par Martin Freeman.
Dans cette série, les aventures de Sherlock Holmes sont transposées à l'époque contemporaine, ce qui nous propose une vision particulière de l’œuvre de Arthur Conan Doyle écrite plus d'un siècle auparavant. Déjà, certaines adaptations avec Basil Rathbone étaient ramenées à l'époque contemporaine à la réalisation, mais le décalage que l'on peut voir entre « Sherlock », le personnage écrit par Arthur Conan Doyle et l'époque victorienne est bien plus important. Ainsi, nous pouvons nous demander si le choix de Steven Moffat et Mark Gatiss de moderniser ces histoires est bien un hommage au mythe qu'ils admirent et si, de ce fait, le personnage de Sherlock Holmes peut être apparenté à un mythe.
Sherlock Holmes est un personnage passionnant pour plusieurs raisons comme par exemple son génie, son caractère, ses relations, ses méthodes de travail... Mais Steven Moffat relève : « Les autres détectives ont des affaires, Sherlock Holmes a des aventures et c'est cela qui compte ». Mark Gatiss en prenant exemple sur le film de Billy Wilder, une inspiration commune pour « Sherlock », confirme : « Ce n'est pas du tout une histoire de détective, c'est un film à propos d'un détective. C'est vraiment très différent, et c'est ce que l'on dit toujours à propos de « Sherlock » - ce n'est pas une histoire de détective, c'est une série sur un détective. C'est à propos de sa vie et les choses qui lui arrivent , ses relations avec les gens. Donc on ne peut pas juste faire l'histoire de la semaine avec « Sherlock ». Nous devons explorer ce que ça signifie pour Sherlock, ce que ça signifie pour John – comment cela a-t-il tout changé pour eux ? ».
Les deux co-créateurs et scénaristes de la série sont passionnés par Sherlock Holmes, et je pense que le plus important dans cette série est qu'ils ont transmis aux spectateurs leur passion pour ce personnage, à leur yeux clairement mythique, à travers leur propre vision de l’œuvre littéraire d'Arthur Conan Doyle. Avant même de commencer la production du projet, ils ont transmis leur passion, comme plus tard avec le public, à Sue Vertue, la productrice. Elle explique qu'elle ne connaissait que très peu le personnage de Sherlock Holmes mais que lorsqu'ils lui en ont parlé, elle est rentrée dans cet univers[5].
C'est à travers cette perspective sur la série « Sherlock » que nous pouvons voir l'hommage mais aussi le renouveau du mythe. Nous pouvons alors nous demander comment ces aventures que vivent Sherlock Holmes et John Watson dans l’œuvre originale sont reprises dans « Sherlock ». Pourquoi pouvons-nous dire que Sherlock Holmes est un mythe ? Qu'est-ce que la série « Sherlock » reprend et apporte au mythe de Sherlock Holmes ? En quoi lui rend-elle hommage, s'en détache-t-elle et le renouvelle-t-elle grâce au personnage à la fois unique et pourtant bien connu qu'elle nous propose ?
Afin d'étudier ces questions et de tenter d'y répondre, nous verrons dans une première partie le mythe de Sherlock Holmes. Qui est ce personnage ? Est-ce un mythe ? Qu'est-ce qui a fait de ce personnage et de ses aventures un mythe, ou tout du moins une icône du cinéma et de la littérature ? Quel est le regard des deux créateurs et scénaristes de « Sherolck » sur ce personnage et leur rapport à ce mythe ?
Dans une deuxième partie, nous étudierons plus particulièrement la série « Sherlock ». Nous verrons quelles histoires sont racontées et nous verrons comment le héros évolue. Par cette étude, nous verrons par ailleurs que c'est bien l'histoire de Sherlock Holmes que nous suivons dans cette série, malgré les différences avec le texte d'origine.
Dans une troisième et dernière partie nous étudierons en quoi l’œuvre d'Arthur Conan Doyle est honorée, et le mythe repris, mais nous verrons aussi les différences avec le texte original et les libertés clairement prises par les scénaristes. Nous analyserons aussi plus précisément certaines séquences afin de voir le passage du texte de Arthur Conan Doyle à la série.
I- « Quand tout le reste échoue, il y a deux hommes assis, discutant dans un appartement négligé, comme s'ils avaient toujours été là et qu'ils le seraient toujours. Les meilleurs et les plus sages hommes que je n'ai jamais connus, my Baker Street Boys, Sherlock Holmes et Docteur Watson. »[6]
Nous allons partir d'une définition simple du mythe avant d'essayer de déterminer en quoi Sherlock Holmes peut être considéré comme un mythe. Selon le dictionnaire Larousse un mythe est un « ensemble de croyances, de représentations idéalisées autour d'un personnage, d'un phénomène, d'un événement historique, d'une technique et qui leur donnent une force, une importance particulière. ».
Le personnage de Sherlock Holmes est un symbole, une icône de la littérature, des arts audiovisuels et du théâtre, mais il est aussi un héros connu auquel ceux qui suivent ses aventures ont donné une dimension bien plus forte que celui d'un personnage de fiction. Il a une place dans la culture et dans la société comme si, au-delà de la fiction, il était réel.
La frontière entre la fiction et le réel peut définir dans un certain sens un mythe, mais aussi la popularité du personnage ainsi que le lien entre le personnage, et ceux qui le conduisent dans ses histoires, et les lecteurs et spectateurs. Plus un personnage paraît réel, plus aux yeux des lecteurs et spectateurs il est réel. Et nous ne pouvons accorder une dimension mythique qu'à un personnage ou autre en lequel on croit, en lequel on reconnaît une certaine forme de réel. Par exemple les personnages mythologiques, tels que Hercule, le Roi Arthur ou encore tout ce qui se rapporte à la religion, sont considérés par ceux qui ont fait d'eux des mythes comme réels. Plusieurs auteurs de la littérature reprennent cet esprit de mythologie. Le plus célèbre d'entre eux est J.R.R. Tolkien qui a écrit les histoires de la Terre Du Milieu dans l'idée de proposer des mythes vraiment anglais. Ainsi, tout ce qui se passe est possible puisque les événements se déroulent « il était une fois » bien avant l'an 0 de notre temps et que toutes les créatures fantastiques de ce monde tendent, après les derniers événements contés, à disparaître.
En suivant cette idée, Sherlock Holmes enquête à Londres et tout dans l’œuvre d'origine tend à rapprocher l'univers de l'histoire fictive de la réalité. C'est dans cette perspective, où la fiction et le réel cohabitent, que nous allons étudier en quoi Sherlock Holmes est aujourd'hui un mythe.
Sherlock Holmes est indéniablement un personnage important de la littérature anglaise et internationale. P. D. James soutient que « Holmes reste l'un de ces immortels de la fiction populaire et [ses histoires] seront aussi bienvenues aux lecteurs modernes qu'aux amateurs de son temps ».[7] Marg Gatiss insiste d'ailleurs sur ce point en argumentant que « le fait que Steven, moi-même et des millions d'autres soient toujours obsédés par les brillantes histoires de Conan Doyle est une preuve de leur indestructibilité »[8]. Cependant, sa réputation est due non pas principalement à la littérature mais surtout aux nombreuses adaptations de l’œuvre de Arthur Conan Doyle. A travers les illustrations, pièces de théâtres, pastiches, films et séries pour la télévision, le personnage de Sherlock Holmes s'est détaché en quelque sorte de son auteur pour acquérir une véritable identité presque non fictionnelle.
Tout d'abord, l'écriture et la publication mêmes mêlaient le réel à la fiction. La plupart des nouvelles étaient publiées dans le « Strand Magazine »[9]. Entre 1891 et 1930, ce magazine a publié 121 nouvelles, 70 articles, 9 romans, 2 interviews et un poème écrits par Arthur Conan Doyle. Or, dans la diégèse, les aventures sont toujours écrites du point de vue de John Watson qui lui-même dit écrire pour un magazine. Il n'y a dès lors plus de limite : Sherlock Holmes existait et son mythe naissait.
Sherlock Holmes est un personnage défini par sa façon unique de penser, par son rapport à la police, par son amitié avec John Watson, par son style vestimentaire mais aussi par l'adresse à laquelle il est intimement lié.
Si l'on peut considérer Sherlock Holmes comme un mythe, c'est avant tout parce qu'il est lié à une adresse mythique elle aussi. A la fin du dix-neuvième siècle Sherlock Holmes était considéré par certains lecteurs comme une personne réelle et des lettres étaient envoyées à la célèbre adresse du 221 B Baker Street. Mais à l'époque où Arthur Conan Doyle écrivait les histoires de Sherlock Holmes, cette adresse n'existait pas et était vraiment fictive : la numérotation de cette rue s'arrêtait au n°85. En 1930, la rue fut rallongée. Un bâtiment victorien porta alors le numéro 221 jusqu'en 1935, date à laquelle le bâtiment fut détruit pour la construction d'un immeuble de bureaux du numéro 215 au 229. Abbey National, à qui appartenait le bâtiment, répondait aux lettres adressées à Sherlock Holmes jusqu'à leur départ des locaux en 2002. Le 27 mars 1990 le Sherlock Holmes Museum ouvre ses portes. Son emplacement sur la rue ne correspond pas au 221 mais le numéro est pourtant le 221 B. Aujourd'hui encore, des lettres sont envoyées à cette adresse et certaines d'entre elles sont exposées dans le musée. Cette adresse et les moyens qui ont été déployés pour conserver aussi fine que possible la limite entre la fiction et la réalité est le fondement de la dimension mythique du personnage.
En allant à Londres, nous pouvons ainsi visiter « la maison de Sherlock Holmes », le Sherlock Holmes Museum, mais aussi les lieux célèbres de certaines aventures comme le restaurant Le Criterion où John Watson rencontre Mike Stamford qui, dans « A study in Scarlet », lui présente Sherlock Holmes. Il y a d'ailleurs une plaque commémorative sur le bâtiment.
Ainsi, d'une part les lieux eux-mêmes sont célèbres et par conséquent entretiennent le mythe de ce personnage. Mais d'autre part, c'est aussi l'apparence du personnage qui le rend si reconnaissable et célèbre.
A quoi ressemble Sherlock Holmes ? La question de l'apparence de Sherlock Holmes pourrait constituer à elle seule une étude entière si nous nous penchions précisément sur toutes les adaptations au théâtre, à la télévision, au cinéma ou encore à la radio, et que nous nous employions à les comparer avec les descriptions de Arthur Conan Doyle et les illustrations mais aussi aux descriptions dans les pastiches et les nombreuses peintures et autres œuvres d'art à l'effigie de ce héros. C'est pourquoi je me focaliserai principalement sur ce que relèvent Mark Gatiss et Steven Moffat sur le sujet dans le livre « Sherlock Chronicles »[10].
Tout d'abord Sherlock Holmes est un homme, qui au départ n'est pas particulièrement beau ou attirant. La première illustration de Sherlock Holmes est réalisée par le père d'Arthur Conan Doyle qui le dessine avec une barbe. Cependant très vite, pour la publication de « The Adventures of Sherlock Holmes »[11] par épisode en Angleterre dans le « Strand Magazine », Sidney Edward Paget sera l'illustrateur et représentera Sherlock Holmes en s'inspirant de son petit frère qui était, selon Mark Gatiss, « un très bel homme, et que le charme de Sherlock Holmes est probablement du au fait qu'il ait un visage impétueux ». Steven Moffat confirme d'ailleurs que c'est cette représentation de Sherlock Holmes, qui s'est en quelque sorte instauré comme modèle, qui a permis aux acteurs comme Jeremy Brett, Basil Rathbone et Benedict Cumberbatch de pouvoir jouer ce rôle.
Ensuite, nous pouvons parler de la célèbre réplique « Elémentaire mon cher Watson ». Dans la culture populaire, cette phrase caractérise le personnage de Sherlock Holmes. Cependant, à aucun moment dans les textes d'origine le personnage ne le dit. En effet, dans de nombreuses adaptations, Sherlock Holmes reprend cette phrase car elle fait désormais partie du mythe mais elle vient de la pièce de théâtre écrite et jouée par William Gillette à partir de 1899 : « Oh, this is elementary my dear fellow ». L'image de Sherlock Holmes avec sa casquette d'hiver et sa pipe a d'ailleurs été popularisée par cette pièce de théâtre adaptée en 1916 au cinéma, toujours avec William Gillette comme acteur.
Par ailleurs aux États-Unis, lorsque ont été publiées « The Adventures of Sherlock Holmes » périodiquement dans le magazine « Collier's », l'illustrateur Frederic Dorr Steele a pris certaines libertés qui sont restées mythiques du personnage. Mark Gatiss remarque que Sherlock Holmes est alors un peu plus âgé et que cela renforce l'idée que Steven Moffat et lui ont du personnage. Il relève surtout que c'est à ces illustrations que nous devons l'image de Sherlock tel qu'on le voit aujourd'hui, avec ces « incroyables manteaux et silhouettes et les chapeaux ».
C'est à cette époque et plus tard avec les films que le deerstalker, la célèbre casquette d'hiver de Sherlock Holmes, est associé au personnage à un tel point que aujourd'hui on ne peux imaginer Sherlock Holmes sans ce chapeau. A l'origine, dans les textes, Sherlock Holmes portait bel et bien ce chapeau, mais uniquement lors de voyages. Aujourd'hui ce chapeau est un symbole, comme dans un épisode de « Barbapapa » où il représente le ''chapeau du détective''.
Nous pouvons relever ce dernier point en remarquant que si Sherlock Holmes est un mythe, c'est aussi parce qu'il est présent dans les histoires pour les enfants. Ainsi en 1986 Disney s'inspire de la série de livres pour enfants « Basil of Baker Street » de Eve Titus et Paul Galdone[12] et réalise le dessin animé « The Great Mouse Detective »[13]. Le dessin animé est un hommage au personnage de Sherlock Holmes, et notamment à Basil Rathbone, et permet de le faire connaître aux enfants. Basil vit sous la maison de Sherlock Holmes et il est, selon moi, une très bonne représentation du héros. Il a sa pipe et son deerstalker, mais surtout le personnage réagit vraiment comme Arthur Conan Doyle le décrit. Il est excentrique et clairement en marge de la société, bien plus qu'on peut le voir dans l'interprétation de Jeremy Brett. Par ailleurs, dans une scène, Basil et ses compagnons montent dans l'appartement de Sherlock Holmes et on peut l'entendre parler avec le docteur Watson. C'est alors un morceau de la bande son d'un film avec Basil Rathbone et Nigel Bruce où on les entend parler qui est dans la scène.
Le film « Young Sherlock Holmes »[14] sorti en 1985 s'adresse autant à un jeune public qu'à un public adulte. On y voit la jeunesse de Sherlock Holmes, comment il aurait reçu son deerstalker, de qui lui viendrait sa célèbre réplique « Élémentaire » et pourquoi il appréhenderait tant les sentiments amoureux. Sherlock est amoureux d'Elizabeth dont l'oncle dit « Élémentaire », et qui lui lègue sa casquette d'hiver après sa mort. On voit dans ce film comment le personnage de Sherlock est rejeté de la société et comment, même enfant, personne ne veut donner du crédit à ses déductions. Son amour Elizabeth mourra dans ses bras à la fin du film et cela traumatisera Sherlock. Il est important de relever que le film se passe dans un pensionnat dont l'esthétique rappelle la saga littéraire et cinématographique de « Harry Potter », et que plusieurs personnages ont de nombreuses ressemblances dont l'un qui porte le même nom : Dudley. Le scénariste du film, Chris Columbus, est d'ailleurs le réalisateur de plusieurs films Harry Potter. Par ce film nous pouvons donc avancer que les adaptations des aventures de Sherlock Holmes ont inspiré bien plus que le mythe de Sherlock Holmes.
Mark Gatiss et Steven Moffat sont eux-même passionnés par le mythe de Sherlock Holmes, un personnage qui les fascine depuis leur enfance. Dans la série qu'ils ont créée et scénarisée, ils proposent une adaptation différente de toutes celles existantes tout en leur rendant hommage, ainsi qu'au mythe. Il est donc important, pour comprendre la vision du mythe de ces deux cinéastes, de s'intéresser aux œuvres qui les ont inspirées, bien entendu en plus de l’œuvre de Arthur Conan Doyle.
Mark Gatiss et Steven Moffat affirment s'être inspirés de deux œuvres cinématographiques principalement. Dans la préface de « Sherlock Chronicles », Mark Gatiss explique que pour eux les deux interprétations qui ont toujours été au-dessus des autres sont « The Private Life of Sherlock Holmes », réalisé en 1970 par Billy Wilder, et la série de films avec Basil Rathbone et Nigel Bruce de 1939 à 1946. Il explique que en apparence ces deux œuvres sont très différentes mais qu'en réalité, en quelque sorte, « c'est en elles que repose l'esprit -le cœur- de Sherlock Holmes et Docteur Watson. ». Leur objectif était de se rapprocher au plus près de la pensée originale de Arthur Conan Doyle car, ce qui les inspire, c'est l'idée de « deux jeunes hommes très différents qui deviennent, contre toute attente, des amis inhabituels dans des aventures encore plus inhabituelles. »[15].
Mark Gatiss et Steven Moffat se sont inspirés de ces films, et plusieurs scènes de leur série en reprennent des idées. Nous pouvons notamment parler de « The Private Life of Sherlock Holmes » où Sherlock Holmes, pour esquiver la demande d'une violoniste d'être le père de son enfant, prétend être homosexuel. Cela est très important dans le mythe de Sherlock Holmes, et surtout de nos jours où les fanfictions[16] qui mettent en couple des personnages de fiction sont très répandues. Mais il faut savoir que l'idée que Sherlock Holmes soit homosexuel n'est pas récente, ni même ne date de l'époque où le film de Billy Wilder est sorti. En effet, à l'époque même où Arthur Conan Doyle écrivait ses aventures, les lecteurs soupçonnaient déjà l'homosexualité du personnage, et aujourd'hui encore beaucoup soupçonnent Arthur Conan Doyle d'avoir marié John Watson à Mary, qu'il rencontre dans « The Sign of Four »[17], dans le seul but d'éviter tout scandale...
Les nombreuses adaptations des aventures de ce personnage sont la raison principale pour laquelle il est aujourd'hui aussi célèbre mais il faut relever que l'adaptation au cinéma et à la télévision, des médias très répandus et faciles d'accès à tous, a permis de continuer à captiver le public et les spectateurs. Mais c'est aussi, chaque fois, le renouveau des histoires qui a su tenir en éveil la curiosité des lecteurs et spectateurs.
Lors de la pré-production de la série « Sherlock », Steven Moffat et Mark Gatiss ont souvent défendu leur projet en utilisant de nombreux arguments liés à cette idée selon laquelle le mythe de Sherlock Holmes était une source d'inspiration inépuisable et que le public serait toujours intéressé parce que, selon eux, Arthur Conan Doyle lui-même semblait proposer un personnage immortel. Ce sont des arguments certes très discutables en plusieurs points, de toute évidence puisqu'ils sont subjectifs, mais qui offrent une vision de leur travail sur « Sherlock ».
Ainsi, dans le dossier de presse présentant la série en production, nous pouvons trouver les paroles de Steven Moffat : « Tout ce qui importe à propos de Holmes et Watson est pareil, les histoires originales de Conan Doyle n'ont jamais été à propos de longs manteaux et de lampes à gaz ; c'étaient à propos de brillantes déductions, de redoutables méchants et des crimes de sang-froid […]. »[18]. Nous pouvons alors comprendre à quel point le personnage de Sherlock Holmes, et le mythe qui a découlé de l’œuvre de Arthur Conan Doyle leur tenaient à cœur et les ont inspirés.
Pourtant dans la série ils modifient les histoires, les personnages, l'époque... On pourrait leur reprocher de dénaturer le personnage et le mythe. Cependant jouer avec Sherlock Holmes, comme avec tout autre personnage, sans autre limite que notre imagination est en soit pour Mark Gatiss et Steven Moffat une reprise du mythe que l'on enrichit alors. Ils trouvent légitime de renouveler le mythe car cette idée fait elle-même partie du mythe, ce qui est très important pour eux. Ils en parlent régulièrement en interviews et lors d'échanges avec les fans. Ainsi, Steven Moffat encourage ceux qui aiment écrire en leur soulignant l'importance des fanfictions, mais c'est aussi ce qu'il souhaitait que je relève dans mon travail universitaire lorsque je lui ai parlé de mon sujet : « I have nothing wise enough for this but fanfictions are the best ! »[19].
Ils défendent cette idée d'une part en expliquant que écrire à partir de ce qu'on aime et admire c'est un excellent moyen d'apprendre à écrire. C'est en effet eux-mêmes ce qu'ils ont fait et c'est ainsi qu'ils sont devenus les scénaristes qui nous fascinent. D'autre part, ils affirment que Arthur Conan Doyle lui-même était ouvert à tout type de fanfictions déjà à son époque, en un certain sens. Tout d'abord ils citent Arthur Conan Doyle qui répondit à un auteur lui demandant s'il pouvait marier Sherlock Holmes dans une pièce de théâtre : « Vous pouvez le marier, l'assassiner ou faire ce que vous voulez avec lui. »[20]. Cela montre à quel point l'écrivain laissait libre quiconque souhaitait se servir de son héros. Bien sûr, il y a une raison à cela : Arthur Conan Doyle, qui aimait écrire des romans historiques qui ne furent jamais appréciés, détestait son personnage, devenu plus célèbre que lui. C'est pour cette raison qu'il le tua (ou non?) dans « The Final Problem »[21], lors d'un combat avec Moriarty aux Chutes de Reichenbach (suite aux demandes et scandales des lecteurs il réécrira finalement des romans et nouvelles sur Sherlock Holmes).
Steven Moffat relève aussi que, alors qu'il aurait pu faire mourir Sherlock Holmes dramatiquement dans les bras de John Watson, l'auteur a choisi de le faire mourir ''off-stage''. Bien qu'il ait soutenu avoir bel et bien tué Sherlock Holmes, le scénariste insiste en expliquant que Arthur Conan Doyle savait bien ce que cela signifiait que le corps de Sherlock Holmes n'ai pas été retrouvé alors qu'il aurait du flotter, qu'il était donc conscient de laisser un doute. Steven Moffat va même plus loin en affirmant qu'il « savait parfaitement qu'il laissait une porte ouverte à un retour de Sherlock Holmes »[22]. C'est un point de vue intéressant sur le regard qui peut être porté à la fois sur le personnage, sur le mythe et sur l'auteur même s'il faut garder à l'esprit que ce ne sont, au fond, que des hypothèses...
Par ailleurs, si l'on garde à l'esprit le regard de Mark Gatiss et Steven Moffat sur Sherlock Holmes et Arthur Conan Doyle, nous pouvons comprendre que « Sherlock » est à la fois un hommage à ce héros, mais aussi une manière de revisiter le mythe tout en le renouvelant. Nous allons donc aborder, dans une deuxième partie, la série « Sherlock » et qui est le personnage dont on nous raconte les aventures.
II- « The name is Sherlock Holmes, and the adress is 221 B Baker Street. »[23]
Dans cette deuxième partie nous verrons en quoi chaque épisode permet une évolution du personnage et en quoi chacun importe au cœur d'une série de 13 épisodes seulement.
La première saison présente les personnages principaux, ceux qui auront une place légitime aux côtés de Sherlock pour le soutenir, remettre en question ce qu'il fait et lui demander de l'aide. Nous savons qui le déteste, et qui tient à lui.
Le premier épisode montre tout de suite le rapport aux relations notamment amoureuses de Sherlock, qui ne comprend pas ce qu'est l'amour, ni ce qu'est la compassion. Il nous montre aussi le regard des gens sur Sherlock ainsi que son caractère unique. Mais le plus important selon moi, c'est qu'à la fin de l'épisode 1 nous savons que ce personnage « n'est pas juste intelligent, il est fou »[24]. En effet, Sherlock est conduit par un chauffeur de taxi dans un endroit désert. Là, il lui propose une alternative : il doit choisir entre deux pilules. L'une est un poison mortel, l'autre non. Le chauffeur fait choisir à Sherlock une pilule, affirmant qu'il sait comment il pense et que par conséquent il sait laquelle il va choisir en fonction de si elle est en avant ou non. Sherlock choisit, alors qu'il n'est pas forcé puisque l'arme du chauffeur n'est pas une vraie. C'est là que le spectateur prend conscience de la folie du personnage et de son obsession à toujours savoir. Ainsi, lorsque John tue le chauffeur de taxi, Sherlock est agacé de ne pas savoir s'il avait ou non raison. S'il était, plus précisément, le plus intelligent... John lui fait la remarque en soulignant qu'il voulait quand même prendre la pilule alors qu'il n'y était pas forcé. Suite à cette séquence d'une importance capitale dans la présentation du personnage, Sherlock apprend que Jim Moriarty est derrière toute l'affaire, et surtout que tout est un jeu. C'est ainsi qu'on nous présente, dès la fin du premier épisode, l'antagoniste du héros. Le public s'y attend, puisque c'est son némésis dans les textes de Arthur Conan Doyle, mais cette déclaration permet d'affirmer qu'il s'agira bien d'une adaptation qui suivra l'histoire de Sherlock Holmes telle qu'on la connaît dans le mythe.
Le deuxième épisode permet de montrer les capacités d'observation et de déduction de Sherlock par une affaire plus compliquée que dans le premier épisode. On a ici affaire à un trafic d'antiquité orchestré par la mafia chinoise. On voit que Sherlock sait se battre et maîtrise les armes à feu. On peut aussi voir que John a son importance et sert vraiment l'intrigue non pas comme dans certaines aventures écrites par Arthur Conan Doyle.
Lors du dernier épisode Sherlock est piégé dans le jeu de Moriarty qui le teste. Sherlock joue non pas pour sauver des vies mais pour l'excitation du jeu. Il expose d'ailleurs une chose très importante à John : « Ne fais pas des gens des héros, John. Les héros n'existent pas , et si c'était le cas, je n'en serais pas un. ». A la fin de ce dernier épisode, on voit que malgré l'insensibilité émotionnelle qu'il montre, Sherlock a des sentiments puisqu'il tient à John. On peut alors dire qu'ils sont amis.
La saison 2 repose sur l'intériorité du personnage de Sherlock. En effet, l'épisode 1 va bousculer ses sentiments puisqu'il sera confronté à Irène Adler, surnommée THE WOMAN. C'est une femme au caractère fort, maligne, manipulatrice qui a Jim Moriarty comme ami. Elle aime passionnément Sherlock, ce qui va la trahir : « c'est votre cœur et vous ne devriez jamais le laisser commander votre tête ». La résolution de l'épisode, avec l'écran du téléphone qui apparaît déverrouillé avec « I AM SHER LOCKED » est d'ailleurs devenu un symbole très important chez les fans puisqu'il symbolise la passion pour ce personnage. Les conventions organisées sur cette série sont ainsi appelées « Sherlocked Con » et sur de nombreux produits dérivés nous pouvons retrouver cette expression. C'est aussi le titre de la musique de la bande-originale qui accompagne la scène. Cet épisode montre clairement que Sherlock ne ressent pas les effets de l'Amour même si nous pouvons avoir un doute sur le fait qu'il soit charmé par Irène Adler, ou peut-être qu'il l'admire.
De plus, on comprend aussi que le frère de Sherlock, Mycroft, est aussi quelqu'un d'insensible. Et au fur et à mesure que l'on avance dans la série, on s'aperçoit d'ailleurs qu'il est en réalité bien moins humain que Sherlock. Cela remet alors en question notre point de vue sur le héros.
L'épisode 2 explore les peurs de Sherlock car il est confronté à lui-même, ses doutes et ses croyances. Cet épisode était d'autant plus un défi car il est adapté du « Chien des Baskervilles », l'aventure sans doute la plus connue de Sherlock Holmes puisque c'est celle qui s'est vue être le plus de fois adaptée au cinéma. Dans cet épisode, Sherlock est victime d'une hallucination où il voit un énorme molosse dans les bois. Il n'est bien évidemment pas au courant que c'était une hallucination jusqu'au dénouement, et cela le met dans une grande détresse puisqu'alors il a peur, ce qui signifie que ses émotions ont pris le dessus. Cela le perturbe grandement, à tel point que c'est la détermination de John qui le poussera véritablement à se reprendre. Nous est alors dévoilé que Sherlock a des faiblesses et qu'il est un être sensible, même s'il ne le montre pas, et que même s'il préfère être seul, il a besoin de John.
L'intrigue ne respecte pas celle du roman mais elle conserve l'idée qu'il faut toujours réfléchir et ne jamais être naïf à se laisser berner par les apparences et ce qu'on veut nous faire croire. Dans le roman, un homme est tué, et on suspecte un molosse fantomatique de vouloir accomplir la malédiction jetée sur la famille. L'intrigue repose sur les superstitions mais aussi sur le fait que le vrai criminel est plus proche qu'on ne pourrait le penser et que les monstres et les malédictions n'existent pas. Cela rappelle par ailleurs les histoires de Scoubidou, dont la morale reprend toujours cette idée que les monstres n'existent pas et qu'il faut réfléchir afin de voir la vérité.
Le troisième épisode est un épisode charnière dans la série : suite à une menace de Moriarty sur ses amis (John, Mrs. Hudson, Lestrade), Sherlock se suicide pour qu'ils ne soient pas blessés. Juste avant d'entreprendre ce suicide, Sherlock repousse John en lui disant « La solitude fait partie de moi, elle me protège. » ; les derniers mots dits en face à face de John à Sherlock sont : « Non. Ce sont les amis qui protègent. ». Ainsi, alors que John pense que Sherlock ne veut pas de son amitié, la phrase de John est en réalité un écho au sacrifice que s'apprête à faire Sherlock. Cet épisode reprend la fin de la nouvelle « The Final Problem » où Moriarty pousse Sherlock à se suicider avec lui. Il se trouve qu'il a simulé son suicide, que ce soit dans la série ou dans les textes.
Cependant, comme Sherlock l'avouera dans l'épisode 1 de la saison 3 à Molly, Moriaty a sous-estimé son importance aux yeux de Sherlock. Il la considère comme une amie même si on ne peut jamais vraiment savoir ce que Sherlock pense... Elle l'aidera à simuler son suicide. Alors qu'il s'apprête à se suicider du haut du St Barth's Hospital, Sherlock est au téléphone avec John (qui est au pied du bâtiment). Il lui dit, sous la menace de Moriarty (qui se suicidera), que tous ses talents ne sont que tromperies et qu'il fait semblant. John refuse de le croire. Après un « Goodbye, John. » particulièrement émouvant, Sherlock saute du haut du bâtiment et simule sa mort. John est dévasté. A la fin de l'épisode, John pleure sur la tombe de Sherlock et nous voyons que celui-ci l'épie. John demande alors qu'il réalise un dernier miracle et qu'il revienne à la vie. Cet épisode parvient à démontrer que Sherlock Holmes n'est pas insensible, le personnage est alors plus humain et on s'y attache plus encore.
Cependant cet épisode permet la double lecture des aventures de Sherlock Holmes telle qu'elle nous est proposée par Sir Arthur Conan Doyle. En effet, il nous est proposé l'hypothèse selon laquelle les talents de Sherlock ne seraient qu'une mise en scène, mais surtout qu'il est un imposteur qui est lui-même un criminel. Moriarty se fait passer pour un acteur engagé par Sherlock pour jouer le rôle d'un criminel, et il accuse Sherlock d'être le vrai criminel. Tous doutent, même John, mais ce dernier finit par croire Sherlock. Cela rejoint alors le doute proposé dans le texte d'origine puisque jamais John ne pourra clairement faire le lien entre Moriarty et les crimes dont Sherlock l'accuse. Cette hypothèse étant renforcée par l'addiction de Sherlock à la drogue. De plus, dans le texte, Sherlock meurt en combattant Moriarty. John n'assiste pas au combat mais arrive plus tard, découvrant une lettre de Sherlock expliquant que Moriarty lui a laissé écrire cette lettre avant qu'ils ne se combattent. Puisque aucun corps ne sera retrouvé, le doute subsiste donc toujours que Sherlock ait inventé toute cette histoire et se soit finalement suicidé.
Dans l'épisode spécial de 7 minutes, nous voyons comment l'inspecteur Anderson, Lestrade, ou encore John vivent la mort de Sherlock. Lestrade apporte un DVD à John où figure l'enregistrement lorsqu'il a filmé Sherlock pour qu'il s'excuse de ne pas venir à l'anniversaire de John. C'est la version entière de tout ce qui a été filmé, et Sherlock la visionne. Ce qui est alors intéressant c'est qu à travers la vidéo nous voyons de manière particulièrement explicite le décalage qu'a Sherlock avec la réalité. Il ne comprend pas pourquoi John invite des gens qui ne l'aiment pas, il ne comprend pas pourquoi les gens sourient. On nous montre une facette de la personnalité de Sherlock de manière bien plus explicite qu'auparavant.
Dans le premier épisode de la saison 3, Sherlock revient après avoir été déclaré mort pendant deux ans. Il croit que John va être heureux de le revoir. Il va alors se confronter à sa violente réaction : celui-ci lui en veut énormément. Sherlock ne le comprend pas. Ils finissent par retravailler ensemble et Sherlock fait croire à John qu'il ne peut pas arrêter la bombe avec laquelle ils sont enfermés. John lui avoue alors à quel point il tient à lui et à quel point il a été fier d'être son ami. Sherlock, satisfait, déverrouille la bombe. On peut voir que Sherlock peut très bien jouer la comédie pour obtenir ce qu'il veut. Avant de retravailler avec John il demande à Molly de l'épauler, il lui dira plus tard que c'est pour la remercier. Sherlock lui avoue alors que Moriarty a fait une énorme erreur en ne menaçant pas Molly, car celle-ci compte pour lui. C'est un passage très touchant, où Sherlock avoue qu'il ressent quelque chose pour elle sans pour autant dire si c'est de l'amitié ou de l'amour. On peut d'ailleurs voir dans le dernier épisode de la série un écho à cette scène lorsque Eurus oblige Sherlock à faire dire à Molly « Je t'aime. » qui n'accepte qu'après que Sherlock le lui ai dit « comme si [il le pensait] ».
L'épisode 2 est l'épisode du mariage de John et Mary. Cet épisode est mon préféré car il est à la fois plein d'humour mais aussi il montre à quel point Sherlock paraît vraiment insociable et qu'en même temps c'est quelqu'un de très sensible. Tout d'abord John le prend pour témoin, ce qui signifie que Sherlock doit faire les discours. Durant ceux-ci, Sherlock démontre à quel point John est un homme bon comparé à lui et il explique à sa manière que John compte énormément pour lui. Tout le monde est choqué de l'humanité dont fait preuve Sherlock, malgré quelques erreurs, et tous sont très émus. Cela rapproche Sherlock d'un enfant qui aurait appris quelque chose. Cet aspect renvoie à la paternité : jusqu'alors la relation entre John et Sherlock relevait plutôt d'une relation père-fils dans le sens de l'éducation. Ceci est d'ailleurs mis en regard par Sherlock à la fin de l'épisode car lorsque Mary apprend qu'elle est enceinte, John est paniqué et Sherlock les rassure en leur disant qu'ils ont déjà de l'expérience avec lui. C'est certes une note d'humour, mais on décerne clairement la remise en question sur lui-même que ce mariage à provoqué chez Sherlock. C'est un épisode clé de l'évolution du personnage.
Le dernier épisode montre à quel point Sherlock tient à John, et à quel point ce dernier se sent responsable de lui. Ils affronteront Charles Augustus Magnussen, personnage inspiré de Charles Augustus Milverton, un homme influent dans la presse et la politique grâce à sa capacité à faire pression sur les gens en détenant de multiples informations sur eux et leur famille. Dans cet épisode nous découvrons la véritable identité de Mary, et la réaction que cela entraîne chez John nous permet de voir plus profondément sa personnalité. D'autre part, en prouvant qu'il est prêt à tout pour que John, et par conséquent Mary, vivent en paix, Sherlock sera condamné à partir en exil dans une mission suicide. Les dernières secondes de l'épisode nous apprend que Moriarty ne serait apparemment pas mort et que par conséquent Sherlock ne partirait finalement plus en exil.
Le Christmas Special episode de la série, appelé « The Abominable Bride » est un hommage à Conan Doyle et à toutes les adaptations qui placent l'histoire à la fin du XIXème siècle. En effet, Sherlock remonte, dans son Palais Mental, jusqu'à cette époque pour y vivre une nouvelle aventure. Tous les acteurs sont les mêmes, incarnant leur même personnage. Cependant l'aventure qu'il va vivre est en fait sa réflexion sur la potentielle mise en scène du suicide de Moriarty. C'est un épisode très intéressant puisqu'il amène une certaine réflexion sur ce qu'est l'adaptation d'un texte puisque tout ce que l'on voit est en fait une projection de l'esprit de Sherlock.
La saison 4 montre la raison pour laquelle Sherlock est un esprit perturbé, elle nous présente son traumatisme d'enfance et sa dépendance à la drogue. Dans le premier épisode, Mary mourra en le sauvant à cause de son incapacité à être doux en tant qu'être humain et aussi à cause du fait qu'il veut toujours montrer qu'il a raison et qu'il est le plus intelligent. John ne lui pardonnera pas et Sherlock, pour la première fois, se sentira coupable. Leur amitié semble alors brisée, chose qui n'avait jamais été vraiment faite avec leurs personnages.
Dans le deuxième épisode, Sherlock s'attaque à un homme inattaquable : Culverton Smith. Il l'accuse de corruption et meurtre. Cependant, personne ne le croit et Sherlock est décrédibilisé, accusé d'être drogué. John est contre lui. S'ensuit une période de folie pour Sherlock qui n'arrive plus à vivre jusqu'au moment où une femme qui se prétend être la fille de Smith vient passer la soirée avec lui. Sherlock, suivant les instructions laissées par Mary, va se mettre en réel danger. John le sauve et il peut faire inculper Smith. Tout au long de cet épisode, nous suivons Sherlock dans les méandres de son esprit empoisonné, et nous sommes projetés dans sa folie à laquelle on ne peut pas donner de sens. Sa dépendance à la drogue propose à nouveau l'idée qu'il ment et qu'il invente tout.
Dans le dernier épisode, nous apprenons que Sherlock et Mycroft ont en réalité une sœur, dont Sherlock a littéralement oublié l'existence. C'est une véritable psychopathe, ce qui propose un paradoxe avec le personnage de Sherlock qui est décrit comme un psychopathe. Sherlock apprend alors son passé, le meurtre de son ami d'enfance par sa sœur et nous comprenons qu'en fait Sherlock est le plus humain, le plus sensible et le sociable des trois enfants Holmes. A la fin de l'épisode, la famille de Sherlock est réunie pour rendre visite à sa sœur internée, et Sherlock et John emménagent ensemble avec la fille de John et Mary.
Le dernier plan de la série montre Sherlock et John sortant en courant d'un bâtiment où sont accrochés les panneaux « Rathbone Place ». Ce choix symbolique est expliqué par les scénaristes : ils considèrent que la série est en fait l'histoire de comment Sherlock et John sont devenus les héros que nous connaissons au cinéma, notamment avec Basil Rathbone. Sherlock restera toujours ce personnage différent et bizarre mais il ne sera plus traversé par cet égoïsme et cette non-humanité qui résultaient du traumatisme de son enfance, car maintenant il se rappelle et a compris ce qui s'était passé.
III- « Elementary, my dear Watson ! »[25]
La série « Sherlock » reprend les éléments du mythe que nous avons étudié, et nous allons voir comment. Nous verrons aussi comment les scénaristes jouent avec leur public, notamment sur ce qu'ils connaissent du mythe et ce qu'ils ignorent pour la plupart.
Tout d'abord nous allons parler de la modernisation de certains points qui appartiennent aux textes d'origine et parfois au mythe. L'idée de Steven Moffat et Mark Gatiss de moderniser les histoires de Sherlock Holmes vient de leur réflexion par rapport au fait que chez Arthur Conan Doyle le docteur Watson revient de la guerre en Afghanistan et que l'Angleterre est toujours engagée dans une guerre dans ce pays. C'est alors qu'ils se sont dits « Bien sûr que ça doit être modernisé.»[26]
Dans le texte d'origine John Watson raconte ses aventures avec Sherlock Holmes dans le « Strand Magazine ». Or, dans la série, il les raconte sur un blog. Cela permet, dans la diégèse, de rendre populaire le héros, et de rendre compte de sa popularité. En effet, aujourd'hui ce qui est diffusé sur internet s'apparente à ce qui était, à l'époque de Arthur Conan Doyle, diffusé dans la presse.
Sherlock vit toujours au 221 B Baker Street (même si ce n'est pas filmé à Baker Street), et le plan de la maison rappelle ce qu'on peut voir dans certaines adaptations à savoir le rez-de-chaussé habité par Mrs. Hudson, et à l'étage la cuisine, le salon et la chambre de Sherlock, et la chambre de John (que l'on ne voit d'ailleurs pas) situé à un autre niveau dans l'escalier. On peut par ailleurs préciser que dans le pilote le magasin « Speedy's » à côté de la porte d'entrée avait été remplacé par le magasin de madame Hudson, respectant ainsi les textes, mais lors du tournage final ils ont renoncé à l'idée.
Dans l'épisode 3 de la saison 2, l'inspecteur Lestrade et son équipe offrent à Sherlock un deerstalker, car il en avait porté un pour se cacher de la presse. On a alors l'élément sans aucun doute le plus connu du personnage. Sherlock déteste le porter, et cela peut renvoyer au fait que cette casquette ne fait pas vraiment partie intégrante du personnage d'origine écrit par Arthur Conan Doyle. Par ailleurs, il ne fume pas la pipe mais des cigarettes. Cependant, John lui cachant son stock de cigarettes, il utilise des patchs. Son addiction à la cocaïne est aussi reprise dans la série, même si elle sert plutôt à étoffer le personnage, et ce qu'il a subi et essaie d'oublier. Nous pouvons tout de même préciser qu'un film sur Sherlock Holmes s'intitule « The seven-per-cent solution »[27], en rappel à la dose prise par Sherlock Holmes lorsqu'il consomme de la cocaïne. Le « 7 pour-cent » est repris dans la série lorsqu'ils parlent de consommation de drogue, notamment dans l'épisode spécial de « The Abominable Bride ».
Enfin, dans les textes de Doyle, John et Sherlock communiquent par lettres, ou télégrammes. Dans la série ils communiquent par SMS, et cela rend mieux compte du fait que Sherlock demande aux personnes de venir sans attendre d'eux de réponse, ne leur laissant ainsi pas vraiment le choix. On peut penser au premier épisode où Sherlock envoie un SMS à John en lui demandant de venir s'il peut, puis il lui renvoie un SMS en lui disant de venir même s'il ne peut pas[28].
Dans la série, nous pouvons aussi relever l'importance de Mycroft Holmes, le frère aîné de Sherlock. Il est à la tête des services secrets britanniques, ce qui rappelle « The private life of Sherlock Holmes » où Mycroft, joué par Christopher Lee, tenait une place importante dans le film.
Comme nous l'avons dit dans la première partie, Arthur Conan Doyle avait laissé planer en quelques sortes un doute sur l'orientation sexuelle de son héros. La série, et l'enthousiasme des fans, a permis de reproduire le lien qui unissait l'écrivain et ses lecteurs. En effet, à l'époque, les lecteurs réagissaient beaucoup et peu à peu Sherlock Holmes devenait réel suite à un effacement progressif de la limite entre la réalité et la fiction. Aujourd'hui, tout a été mis en œuvre pour reproduire cela avec la série.
Tout d'abord le blog de John et celui de Sherlock, dont ils parlent dans la série, sont disponibles sur internet.[29] Ainsi, sur le blog de John, nous pouvons voir le récit de ses premières aventures avec Sherlock, la façon dont il l'a rencontré... Nous avons aussi des commentaires de personnages de la série, et des clins d’œil à des détails des romans ou de la série comme certains échanges entre Mrs. Hudson et Sherlock à propos d'une partie de Cluedo, le plateau de jeu étant accroché sur le mur du salon.
Ensuite, les lieux de tournage sont devenus des endroits incontournables. Ainsi, le « Speedy's » devient un endroit de rencontre pour les fans de « Sherlock », tout comme l'hôpital St Barth où travaille Molly et où Sherlock conduit ses analyses. C'est au pied de celui-ci que Sherlock se ''suicide'' à la fin de l'épisode 3 de la saison 2, et les fans viennent y marquer des mots sur les vitres et les murs.
Lorsque la saison 3 a été diffusée en Angleterre en janvier 2014, une campagne de publicité assez particulière a été déployée, montrant ainsi que le personnage n'était pas seulement un personnage mais bien plus. Un marquage sur le sol devant l'hôpital St Barth a été tracé, délimitant ainsi le corps de Sherlock lors de sa chute ; le 29 novembre 2013 un corbillard circulait dans les rues de Londres avec les inscriptions « BBC ONE Sherlock 01/ 01/ 14 », annonçant ainsi la date de diffusion de la saison 3. Un hashtag a été créé : « #SherlockLives », que les fans utilisent depuis qu'il a été révélé le 23 novembre 2013 lors du premier teaser de la saison 3, diffusé lors de l'épisode du cinquantième anniversaire de « Doctor Who ». La réponse sur les réseaux sociaux a été énorme,[30] du jamais-vu pour un programme TV anglais. Tout cela montre bien que le public anglais suit de près la série, et que cela devient presque un phénomène culturel.
La réaction des fans par rapport à l'équipe de la série rappelle le lien entre Doyle et ses lecteurs : lorsqu'il tua Sherlock en décembre 1893 dans sa nouvelle « The final problem »[31]. L'auteur fut agressé, et certains portaient même du noir en signe de deuil. Après tout, on peut même avancer que Arthur Conan Doyle avait, en quelque sorte, inventé le principe de la série TV, en proposant des histoires courtes dans « Strand Magazine », et il a innové en proposant plusieurs histoires (romans/ nouvelles) avec le même personnage mais qui ne se suivaient pas forcément et pouvaient être lues séparément et dans n'importe quel ordre (sauf quelques rares exceptions).
L'orientation sexuelle de Sherlock dans la série n'est pas vraiment définie. Même si Sherlock proclame être « marié à son travail »[32], il réussit à séduire Jeanine[33] et se laisse manipuler et réussit à manipuler Irène Adler par la séduction. Le personnage de Irène Adler, que l'on voit dans « A scandal in Belgravia »[34], est un peu comme le penchant féminin de Sherlock. Tout ce qu'elle fait est pour elle-même et elle réussit à manipuler les gens. Sherlock est ainsi, très égoïste, mais son rapport envers autrui va évoluer au cours des saisons. C'est intéressant aussi de voir que Irène Adler l'appelle « le vierge », et que Mycroft se moque de lui à ce propos. De plus, les textes de Arthur Conan Doyle sous-entendent qu'il n'a jamais eu de relation sexuelle et cela est respecté dans la série.
De nombreuses fanfictions proposent des histoires avec le personnage de Sherlock de la série. On peut le voir avec Moriarty, avec Molly ou lors d'élipses, mais surtout nous pouvons le voir en couple avec John : on appelle ce couple « Johnlock ». Le premier épisode de la saison 3 joue avec les fanfictions du public. Anderson, et son groupe de fans de Sherlock, imaginent toutes sortes de scènes afin d'essayer de comprendre comment Sherlock aurait pu survivre à sa chute et simuler son suicide. Dans certaines histoires racontées on voit Moriarty embrasser Sherlock, ce qui fait clairement échos aux théories des fans et aux fanfictions.
C'est un jeu unique qui s'effectue alors entre les scénaristes et le public, un lien magique naît pour unir les deux moitiés qui ensemble créent un mythe ou ici, plus précisément, l’enrichissent.
Après les films « Sherlock Holmes » et « Sherlock Holmes : jeux d'ombres » de Guy Ritchie[35] avec pour acteur principal Robert Downey Jr où, déjà, on pouvait suivre le raisonnement de Sherlock Holmes, la série nous permet de bien comprendre comment il voit le monde. A l'écran se superposent l'image du cadavre, ou des situations, avec les informations que déduit Sherlock de ce qu'il observe. La première fois qu'on voit Sherlock observer un cadavre, c'est celui de Jennifer Wilson, la dame habillée en rose qui s'est apparemment suicidée. On comprend immédiatement le parti pris de la série de nous montrer le mécanisme de l'intelligence de Sherlock : comment il observe et déduit. On voit alors par exemple sur la bague les informations suivantes : « sale » à l'extérieur, « propre » à l'intérieur, « plus de dix ans », « enlevée régulièrement »... Nous étudierons cette séquence plus précisément.
En voyant et comprenant un peu mieux comment il voit le monde, nous rentrons dans un univers plus technologique et informatique. Ainsi, Lynnette Porter relève que « la façon du personnage de fonctionner dans « Sherlock » s'apparente alors à la description de Arthur Conan Doyle »[36]. En effet, on voit le monde comme catégorisé en différents fichiers informatiques, d'autant plus que l'analyse qu'en fait Sherlock le dépeint comme froid, froid comme quelque chose de non vivant et donc de technologique.
Cette idée est renforcée par le détachement de Sherlock sur les gens. Comme une machine, il ne fait pas de cas à part que ce soit avec quelqu'un qui aurait de l'amitié pour lui ou même de l'amour. Il explique même que cela irait à l'encontre de sa raison : « Toutes les « émotions, et en particulier l'amour, s'opposent à la raison pure et froide que j'exerce sur tout. ». Dans « His last vow », Sherlock va jusqu'à soutenir que l'amour de quelqu'un pour une autre personne, en l’occurrence celui de Jeanine pour lui, est « une erreur humaine ». Dans « The private life of Sherlock Holmes », John Watson va même jusqu'à se demander s'il ne serait « qu'une machine à penser incapable de la moindre émotion ».
A l'ère de la révolution industrielle, lorsque Arthur Conan Doyle a écrit les aventures de Sherlock, ce qui semblait incompréhensible pouvait facilement être apparenté à de la technologie. C'est peut-être pour cette raison que c'est ainsi qu'il a choisi de décrire l'unique façon de penser de son personnage ; ou peut-être plus simplement qu'il l'imaginait comme un être dont l'humanité n'étant pas mise en avant, il ne restait de lui que son cerveau presque électronique.
Ce rapport à la technologie peut se remarquer aussi dans le côté « geek » de Sherlock. Ainsi, Irène Adler considère que « Brainy is the new sexy. », que les hommes intelligents sont sexy. Mais Sherlock est plus qu'intelligent, c'est un geek capable de pirater le MI6, de trouver n'importe quelle information extrêmement rapidement sur internet, tout en étant lui-même capable d'analyser tout ce qui l'entoure comme fonctionnerait un programme informatique.
De plus, il compare lui-même son cerveau à un disque dur, devant supprimer parfois certaines informations comme par exemple le système solaire ou qui est à la tête du gouvernement britannique.
Quelle qu'ait été la raison pour laquelle le personnage est dépeint comme une machine, nous pouvons voir cette idée transparaître dans le héros incarné par Benedict Cumberbatch. Cependant son héros, peu à peu, tend à s'humaniser grâce à la persévérance de ceux qui se considèrent comme ses ami(e)s et, selon moi, c'est cela qui fait la force du personnage et de la série.
La série permet une évolution du personnage de Sherlock Holmes, et notamment de l'humaniser. Avoir modernisé les intrigues a facilité cela, en quelque sorte, car on peut s'imaginer que dans le monde dans lequel nous vivons les mélanges entre des personnes totalement différentes sont peut-être plus favorables. Il me semble que Sherlock Holmes et John Watson sont avant tout amis et que cette amitié est au centre de leurs aventures. Selon moi, l'amitié et la façon dont un personnage peut toucher un autre personnage émotionnellement est un point très important dans l'évolution de ces personnages. L'importance de cette amitié est dépeinte dans les romans et nouvelles originales, mais c'est surtout le centre de la série « Sherlock ». Comme l'explique Lynette Porter « Sherlock Holmes est un jeune homme au commencement de sa longue relation avec John Watson. Ces nouvelles adaptations intriguent les fans à cause autant du génie sexy de Sherlock Holmes et de sa relation avec John Watson, plus que le puzzle de l'épisode. »[37].
Nous pouvons d'ailleurs ajouter que le titre même de la série relève que l'on parle d'amitié, ou du moins d'une relation entre personnage. En effet, le titre est « Sherlock », et Sue Vertue a expliqué[38] que aujourd'hui, pour parler à un ami, il était plus naturel de l'appeler par son prénom. Ainsi le titre même de la série relève l'importance de la relation entre ces deux personnages.
Nous allons maintenant étudier des titres des épisodes de la série. Ainsi, chaque titre est une référence aux textes d'Arthur Conan Doyle. Nous pouvons en donner quelques exemples :
• « A study in pink »[39] : « A study in Scarlett » est la toute première histoire de Sherlock Holmes écrite par Arthur Conan Doyle.
• « A scandal in Belgravia »[40] : « A scandal in Bohemia » qui fait partie du recueil « Adventures of Sherlock Holmes ».
• « The Empty Hearse »[41] : « The adventure of the Empty House » qui fait partie du recueil « The Return of Sherlock Holmes ». Dans l'épisode et dans la nouvelles est relatée le retour de Sherlock Holmes après son soit-disant suicide.
• « The Sign of Three »[42] : « The sign of Four », roman où John Watson rencontre Mary, tandis que dans l'épisode il l'épouse.
• « The six Tatchers »[43] : « The Adventure of the six Napoleons » tiré de « The Return of Sherlock Holmes ».
Certains titres sont par ailleurs des références moins explicites aux textes comme « The Reichenbach fall »[44]. C'est durant cet épisode que Sherlock Holmes se ''suicide'', or dans la nouvelle « The Final Problem », lors du combat qui l'oppose à Moriarty, Sherlock et son ennemi se jettent du haut des chutes de Reichenbach.
Dans certains épisodes, nous avons aussi des références plus discrètes à certains titres comme par exemple dans « The Empty Hearse » où l'un des personnages est surnommé le « geek interpreter » en référence à la nouvelle du « Greek Interpreter », ou encore dans « The Sign of Three » Sherlock cite l'affaire du « Invisible Client » en référence à « The Adventure of the Illustrious Client ».
Les références sont très nombreuses, permettant ainsi aux scénaristes de ''jouer'' avec leur public. Cependant, nous ne nous intéresserons qu'à certains cas précis. Ainsi, dans un premier temps nous étudierons la toute première déduction de Sherlock que l'on voit dans la série, puis nous nous pencherons sur quelques points importants qui montrent que cette série, même en modernisant les intrigues, respecte peut-être plus les textes d'origine que d'autres adaptations.
La première fois que l'on voit Sherlock sur une scène de crime, John Watson l'accompagne et il nous est montré de nombreuses choses sur le personnage. La séquence dure 11 minutes et nous allons voir ce qu'elle nous apporte.
Tout d'abord il rencontre Sally Donovan qui l'appelle « le taré » puis Anderson, de la scientifique, qui le méprise clairement ce qui nous montre comment il est perçu par la société. Ces deux personnages sont en ce premier épisode le regard que l'on a sur Sherlock Holmes lorsqu'on ne le connaît pas. Sally insiste d'ailleurs à la fin de la séquence, lorsque Sherlock est parti, en conseillant à John de rester éloigné de Sherlock car « il n'a pas d'amis » et « c'est un psychopathe ». Elle va même plus loin en disant qu'un jour il sera le criminel, car « les psychopathes finissent par s'ennuyer ». C'est ici un portrait très tranché que nous avons du personnage, et c'est une idée qui rappelle le texte de Arthur Conan Doyle.
En effet, Sherlock étant le seul capable de trouver les liens qui peuvent condamner Moriarty, le doute subsiste qu'il se soit inventé un némésis. De plus, lorsqu'il se ''suicide'' avec Moriarty, John Watson n'assiste pas à la scène et n'a pour seul preuve du combat qu'une lettre de Sherlock que Moriarty lui aurait laissé écrire comme dernière volonté avant de mourir. Cette incertitude quant à l'innocence de Sherlock serra d'ailleurs le centre de l'intrigue de l'épisode 3 de la saison 2 comme je l'ai expliqué en deuxième partie. Dans « The Reichenbach Fall », où Moriarty pousse Sherlock au suicide en détruisant la confiance de la police et en le faisant inculper. Nous pouvons donc voir que dès le premier épisode, c'est le personnage de Sally qui propose aux spectateurs le doute sur le héros.
Lestrade, quant à lui, avoue qu'il a besoin de Sherlock Holmes. C'est lui qui lui permet d'accéder aux scènes de crime et c'est l'un des rares personnages à ne pas le mépriser. Il se trouve que Lestrade le considère comme un ami. Ce personnage, qui est un personnage récurrent du canon holmésien, représente le point de vue du spectateur qui a pour le personnage de Sherlock un mélange d'admiration et d'incompréhension. En quelque sorte, il représente même le point de vue extérieur, comme celui d'un narrateur, puisque dans le premier épisode il dit à John « Sherlock Holmes est un génie et je pense qu'un jour, avec beaucoup de chance, ça pourrait être un type bien. » tandis qu'à la fin du dernier épisode, alors qu'un policier dit à Lestrade que Sherlock Holmes est un grand homme, celui-ci répond « Non, il est bien plus que ça. C'est un homme bon. ». Ces déclarations de Lestrade encadrent l'évolution du personnage de Sherlock Holmes tout au long de la série et propose une morale sur le héros.
On peut aussi voir dans cette séquence comment il travaille avec la police puisqu'il a accès à la scène de crime. Il ne prend même pas la peine de mettre une combinaison, il ne met que des gants, ce qui montre qu'il ne s'attarde pas aux procédures. De plus, Sally relève qu'il n'est même pas payé pour ses interventions, ce qui nous rappelle que le travaille de Sherlock Holmes est d'être « Détective Consultant », métier qu'il est d'ailleurs le seul à exercer puisqu'il l'a inventé.
On peut remarquer aussi qu'il n'a pas l'habitude de travailler en équipe et qu'il a conscience que les gens le méprisent. Cela est montré par le fait qu'il demande à John d'examiner le cadavre et il relève que l'équipe de la police ne travailleront pas avec lui. De plus, on voit que son caractère ne se prête pas au travail de groupe notamment lorsqu'il réfléchit et qu'il ordonne aux autres (John et Lestrade présents dans la pièce) de se taire. Lestrade proteste qu'il n'a rien dit, ce à quoi Sherlock répond « Vous pensez, ça me dérange. ».
Il est important de relever que Sherlock est présenté comme un psychopathe même si plus tard il expliquera à Anderson qu'il n'est pas un psychopathe mais un sociopathe de haut niveau : « I'm not a psychopath, I'm a high-functionning sociopath. ». En effet sur la scène de crime il dit à John que « c'est plus amusant [que juste payer le loyer] ». Il n'est donc pas présenté de sorte à être aimé par le public. D'autant plus que, en quittant la scène de crime, il s’exalte car le tueur est un serial killer. Selon lui, les serial killers sont les plus amusants car il faut attendre qu'ils fassent une erreur. Dans l'épisode, il explique aussi que les serial killers ont besoin d'un public, que c'est ainsi un moyen pour eux de se montrer. L'ironie est que cette description pourrait parfaitement être applicable à Sherlock...
Cette séquence permet aussi aux scénaristes d'exposer leur projet de rendre hommage à Arthur Conan Doyle en s'inspirant de ses textes pour jouer avec le mythe qu'il a engrangé en créant le personnage de Sherlock Holmes. Ainsi, la première déduction de Sherlock est un jeu avec le texte : dans « A study in Scarlett », la police dit que l'inscription « Rache » devait être « Rachel », hypothèse dont Sherlock se moque pour expliquer qu'en réalité c'est « Rache », le mot allemand pour signifier « revanche ». Dans « A study in pink », nous assistons à la scène inverse : Anderson dit que la victime est allemande puisqu'elle a marqué « Rache » sur le sol avec ses ongles dans ses derniers instants, et Sherlock se moque de lui en expliquant qu'elle voulait marquer « Rachel ». Sherlock insiste d'ailleurs en répondant à la question de Lestrade « Elle écrivait Rachel ? » de manière très sarcastique : « Non, elle laissait un mot haineux en allemand -bien sûr qu'elle écrivait Rachel. Ça ne peut pas être un autre mot. »[45].
Enfin nous pouvons nous pencher sur l'épisode spécial de « The Abominable Bride ». L'histoire se passe à l'époque victorienne, respectant ainsi l'époque de Arthur Conan Doyle. L'épisode est très intéressant car l'intrigue se passe dans le Palais Mental de Sherlock, qui s'imagine une affaire afin d'essayer de comprendre comment Moriarty aurait pu simuler son propre suicide.
Les personnages et leurs dires sont donc, dans la diégèse, une réflexion de Sherlock. Peut-être alors la conversation entre Watson et Holmes (en pleine nuit en attendant l'arrivée du tueur, apparemment un fantôme, qui veut s'en prendre à la vie de Sir Eustache Carmichael) est-elle donc une profonde réflexion de Sherlock à lui-même sur ses relations aux autres. On peut aussi imaginer que le fait que « l'armée » qui agît dans l'ombre soit une armée de femmes puisse venir, dans le subconscient de notre héros, du fait que sa sœur dont il a oublié l'existence serait à l'origine de sa haine des autres et de la société, si c'est de la haine qu'il leurs porte. Le dernier épisode de la série sur la sœur de Sherlock joue d'ailleurs lui aussi sur les non-dits de Arthur Conan Doyle puisque, dans le texte, il est sous-entendu qu'il y en a « un autre » sans jamais en dire plus.
Cet épisode est aussi très intéressant car on retourne aux sources du mythe non seulement avec l'époque victorienne mais aussi parce que John Watson publie leurs aventures dans le « Strand Magazine ». De plus, la seule et unique fois où Sherlock dit la célèbre phrase « Élémentaire, mon cher Watson. » est à la fin de cet épisode, alors qu'il est toujours dans son Palais Mental. Nous pouvons ainsi dire que jamais Sherlock n'a dit cette réplique dans la série, respectant le texte et jouant avec les adaptations qui la reprennent.
Ce dernier point est selon moi d'une importance capitale : c'est ainsi que nous pouvons dire que la série « Sherlock » est un hommage au mythe de Sherlock Holmes.
Conclusion :
En conclusion nous pouvons rappeler que le personnage de Sherlock Holmes né il y a 130 ans, au fil des adaptations de l’œuvre d'Arthur Conan Doyle au théâtre, à la télévision, au cinéma et dans la littérature même, est devenu aujourd'hui un personnage et un héros fictif très célèbre.
Cet étrange personnage, ce « sociopathe de haut niveau » aux chapeaux et manteaux si particuliers, est devenu peu à peu un véritable mythe. Ses incroyables déductions, son apparence unique et sa fameuse adresse 221 B Baker Street définissent ce personnage de Sherlock Holmes, Détective Consultant.
Après Basil Rathbone, Jeremy Brett ou encore Robert Downey Jr, c'est en 2010 au tour de Benedict Cumberbatch de jouer le célèbre héros de la littérature anglaise dans une série de la BBC intitulée « Sherlock ».
Cette série, dont les deux créateurs et scénaristes Steven Moffat et Mark Gatiss sont passionnés par le mythe de Sherlock Holmes depuis leur enfance, transpose ses aventures contemporainement. Nous assistons alors à un hommage fait à ce mythe mais aussi à un jeu, entre le public et « Sherlock », avec les codes qui le définissent.
La série propose cependant une réflexion sur le personnage. Est-il un homme bon et en quoi sa manière si particulière de voir le monde fait-il de lui quelqu'un d'unique ? Pourquoi Sherlock est-il Sherlock ? On nous propose alors un même personnage connu, et pourtant il est différent des textes d'origine et des interprétations antérieures. Le Sherlock de Benedict Cumberbatch est unique, et il a su nous captiver.
Le succès de la série au niveau international a su redonner un élan à ce personnage mythique, qui l'est encore plus aujourd'hui qu'il a été enrichi de « Sherlock ».
Remerciements :
J'aimerais remercier mes professeurs de méthodologie de cette année et l'an passé, Florence Cheron et Erwan Gallerne, ainsi que mon directeur de mémoire Emmanuel Dreux. Je tiens à remercier l'association parisienne du Cercle Holmésien de Paris, toujours à l'écoute.
J'aimerais aussi préciser que la série « Sherlock » tient une place importante dans ma vie, c'est une de mes passions, et je remercie tous ceux qui ont participé à la réalisation et à la diffusion de cette série sans laquelle je n'aurai probablement jamais ouvert un livre d'Arthur Conan Doyle, ce qui aurait été une immense erreur, et sans laquelle je n'aurai pas pu découvrir l'un de mes acteurs préféré : Benedict Cumberbatch.
Blibliographie :
➢ l’œuvre de Sir Arthur Conan Doyle
➢ The Complete Sherlock Holmes, Arthur Conan Doyle, « Vintage Books », 2009, préface de P. D. James
➢ Sherlock Chronicles , Steve Tribe, « BBC BOOKS », 2014, préface de Mark Gatiss
➢ L'anatomie du scénario , John Truby, « Nouveau Monde Editions », 2010
➢ Sherlock Holmes un nouveau limier pour le XXIème siècle (Du Strand Magazine au Sherlock de la BBC) , Hélène Machinal, Gilles Ménégaldo, Jean-Pierre Naugrette, « Colloque de Cerisy », 2016
➢ REMAKE TELEVISION : Reboot, Re-use, Recycle , article sur Sherlock et Elementary par Lynnette Porter, « Carlen Lavigne », 2014
➢ « Génération Séries » numéro 1, été 1991
Sitographie :
➢ « www.sherlockology.com »
➢ « www.thescienceofdeduction.co.uk »
➢ « www.johnwatsonblog.co.uk »
➢ « www.pbs.org »
➢ « www.hartswoodfilms.co.uk »
➢ « www.bbc.co.uk »
➢ « www.sherlock-holmes.co.uk » : le site officiel de la Sherlock Holmes Society of London
➢ « www.imdb.com »
➢ « www.arthur-conan-doyle.com »
➢ « www.archive.org »
Filmographie : la série « Sherlock » produite par la BBC, PBS et Hartswood Films
Series 1 :
➢ « A study in pink » : écrit par Steven Moffat, réalisé par Paul McGuigan, diffusé le 25 juillet 2010
➢ « The blind banker » : écrit Steve Thompson, réalisé par Euros Lyn, diffusé le 1 août 2010
➢ « The great game » : écrit par Mark Gatiss, réalisé par Paul McGuigan, diffusé le 8 août 2010
Series 2 :
➢ « A scandal in Belgravia » écrit par Steven Moffat, réalisé par Paul McGuigan, diffusé le 1 janvier 2012
➢ « The hounds of Baskerville » écrit par Mark Gatiss, réalisé par Paul McGuigan, diffusé le 8 janvier 2012
➢ « The Reichenbach Fall » écrit par Steve Thompson, réalisé par Toby Haynes, diffusé le 15 janvier 2012
Series 3 :
➢ « Many Happy Returns » écrit par Steven Moffat et Mark Gatiss, réalisé par Nick Hurran (épisode spécial de 7 minutes)
➢ « The empty hearse » écrit par Mark Gatiss, réalisé par Jeremy Lovering, diffusé le 1 janvier 2014
➢ « The sign of three » écrit par Steve Thompson, Mark Gatiss et Steven Moffat, réalisé par Colm McCarthy, diffusé le 5 janvier 2014
➢ « His last vow » écrit par Steven Moffat, réalisé par Nick Hurran, diffusé le 12 janvier 2014
Series 4 :
➢ « The Abominable Bride » écrit par Steven Moffat et Mark Gatiss, réalisé par Douglas Mackinnon, diffusé le 1 janvier 2016
➢ « The six Tatchers » écrit par Mark Gatiss, réalisé par Rachel Talalay, diffusé le 1 janvier 2017
➢ « The lying detective » écrit par Steven Moffat, réalisé par Nick Hurran, diffusé le 8 janvier 2017
➢ « The final problem » écrit par Steven Moffat et Mark Gatiss, réalisé par Benjamin Caron, diffusé le 15 janvier 2017
Casting :
➢ Sherlock Holmes – Benedict Cumberbatch
➢ Dr John Watson – Martin Freeman
➢ Mrs. Hudson – Una Stubbs
➢ Lestrade – Rupert Graves
➢ Mycroft Holmes – Mark Gatiss
➢ Jim Moriarty – Andrew Scott
➢ Mary Morstan/Watson – Amanda Abbington
➢ Molly Hooper – Louise Brealey
➢ Eurus Holmes - Sian Brooke
➢ Anderson – Jonathan Aris
Filmographie des films cités dans l'étude :
➢ « The Private Life of Sherlock Holmes » ou « La vie privée de Sherlock Holmes », de Billy Wilder, avec Robert Stephens, Colin Blakely et Christopher Lee, 1970, 125 minutes.
➢ « The seven-per-cent solution » ou « Sherlock Holmes attaque l'orient-express », de Herbert Ross, avec Robert Duvall et Nicol Williamson, 1976, 113 minutes.
➢ « The Great Mouse Detective » ou « Basil Détective Privé », de Ron Clements, Burny Mattinson, David Michener et John Musker, avec Vincent Price, 1986, 74 minutes.
➢ « Young Sherlock Holmes » ou « Le secret de la pyramide », de Barry Levinson, avec Nicholas Rowe et Alan Cox, 1995, 109 minutes.
➢ « Sherlock Holmes », de Guy Ritchie, avec Robert Downey Jr et Jude Law, 2009, 128 minutes.
➢ « Sherlock Holmes : A game of Shadows », de Guy Ritchie, avec Robert Downey Jr et Jude Law, 2011, 129 minutes.
[1]Traduit en français par « Une étude en rouge », « Un crime étrange » ou encore « Écrit dans le sang », 1887.
[2]Si l'on en croit Steven Moffat et Mark Gatiss lorsqu'ils s'interrogent sur la raison de filmer à nouveau Sherlock Holmes dans « Sherlock Chronicles » page 34 : « The most filmed character in all literature ».
[3]Traduit en français par « La vie privée de Sherlock Holmes », 1970.
[4]Traduit en français par « Une étude en rose ».
[5]Lors de ma rencontre avec Sue Vertue je lui ai demandé ce qu'elle pensait de la transmission de la passion de Sherlock Holmes de Mark Gatiss et Steven Moffat aux spectateurs et elle m'a expliqué qu'ils avaient fait pareil avec elle : « The boys told me about Sherlock Holmes and then I enter in this world. ».
[6]Mary dans un enregistrement, saison 4 épisode 3, dernières phrases dites dans la série.
[7]P. D. James en introduction pour l'édition anniversaire chez « Vintage Classics » de l’œuvre complète de Arthur Conan Doyle sur Sherlock Holmes.
[8]Sherlock Chronicles page 30 : « The fact that Steven, myself and millions of others are still addicted to Conan Doyle's brilliant stories is testament to their indestructibility. They're as vital, lurid, thrilling and wonderful as they ever were. », Mark Gatiss.
[9]Le « Strand Magazine » est un magazine anglais dont la parution s'étend de janvier 1891 à mars 1950, avec un total de 711 fascicules. Une version américaine, dont le contenu différait parfois, fût publié de février 1891 à février 1916.
[10]« Sherlock Chronicles » aux pages 17, 18 et 19.
[11]Traduit en français par « Les aventures de Sherlock Holmes ». Chaque nouvelle était publiée séparément dans les journaux en Angleterre puis aux États-Unis. Elles furent ensuite rassemblées pour constituer un recueil de nouvelles éponyme publié en 1892.
[12]Série de cinq livres parus entre 1958 et 1982.
[13]Traduit en français par « Basil, Détective Privé ». C'est le 33 ème long-métrage des Studios Disney, et il est aujourd'hui classé dans la collection des « Classiques d'animation ».
[14]Traduit en francçais par « Le secret de la pyramide ».
[15]« Sherlock Chronicles » page 6 : préface de Mark Gatiss.
[16]Fanfictions : terme désignant des œuvres, principalement des textes sous forme de nouvelles, qui reprennent des éléments d'une histoire (roman, film...) pour les modifier et créer une nouvelle histoire. Aujourd'hui, à une époque où les réseaux sociaux et internet en général facilitent la circulation des informations, la plupart des écrivains amateurs écrivent des fanfictions afin de partager leurs passions. Souvent, l'histoire tourne autour d'une romance entre deux personnages qui n'est, la plupart du temps, pas même suggérée par les œuvres d'origine. Pour Sherlock Holmes, qui fait l'objet d'adaptations multiples notamment dans la littérature, le terme pastiche est employé. C'est un terme plus large qui peut se définir par le fait d'imiter un style d'un artiste ou une manière d'écrire d'un auteur.
[17]Traduit en français par « Le Signe des Quatre », « La Marque des Quatre » ou encore « Le Pacte des Quatre », 1890.
[18]« Sherlock Chronicles » page 30.
[19]28 octobre 2017, Steven Moffat : « Je n'ai rien d'assez sage pour [mettre dans un dossier universitaire] mais le plus important ce sont les fanfictions. ».
[20]« Sherlock Chronicles » page 33 : « You may marry him, murder him or do anything you like with him. » (Arthur Conan Doyle).
[21]Traduit en français par « Le Dernier Problème » ou « Le Problème Final », 1893.
[22]« Sherlock Chronicles » page 16.
[23]Saison 1 épisode 1 « A study in Pink ».
[24]Steven Moffat dans le making-off de « Sherlock ».
[25]« Élémentaire mon cher Watson ! ».
[26]« Sherlock Chronicles » page 12 : « dans la toute première histoire de Doyle Dr Watson revient invalide de la guerre en Afghanistan - une guerre qui a lieu encore, la même guerre ingagnable […] et nous avons pensé bien sûr que nous devrions le moderniser. »
[27]« The seven-per-cent solution » est un film sorti en 1976. Il est adapté du pastiche de Nicholas Meyer du même nom. En français, le titre du film est traduit par « Sherlock Holmes attaque l'orient-express ».
[28]« Come at once if convenient. SH » / « If inconvient come anyway. SH ». C'était d'ailleurs le slogan de la première convention officielle de la série.
[29]« www.thescienceofdeduction.co.uk » ; « www.johnwatsonblog.co.uk »
[30]Le 23 novembre 2013, le hashtag fut utilisé 31898 fois ; le lendemain 18867 fois ; le 29 novembre 2013, 58989 fois ; et le 1er janvier 2014 98533 fois. En comparaison, le premier épisode de la série 2 avait engrangé seulement 61948 tweets au total.
[31]Traduit en français par « Le dernier problème » ou « Le problème final ».
[32]Saison 1 épisode 1 : « Je me considère comme marié à mon travail. »
[33]Saison 3 épisode 2, mais c'est seulement pour avoir accès au bureau de son employeur, Charles Augustus Magnussen
[34]Traduit en français par « Scandale à Buckingham ».
[35]Ces films sont sortis respectivement en 2009 et 2011.
[36]« REMAKE TELEVISION : Reboot, Re-use, Recycle » page 174, l'auteur reprend le texte de Arthur Conan Doyle : « a calculating machine... [with] something positively inhuman... At times. »
[37]Lynette Porter dans « Remake Televison : Reboot, Re-use, Recycle ».
[38]Je lui ai posé la question en convention.
[39]Saison 1 épisode 1.
[40]Saison 2 épisode 1.
[41]Saison 3 épisode 1.
[42]Saison 3 épisode 2.
[43]Saison 4 épisode 1.
[44]Saison 2 épisode 3.
[45]« Sherlock Chronicles » page 55.